Présentée pour la première fois au London Motor Show de 1949, la Rover P4 a rapidement conquis le cœur des notables britanniques grâce à son design discret et son confort inégalé. Au cours de ses quatorze années de production, de 1950 à 1964, la Rover P4 a connu plusieurs évolutions et versions, devenant un symbole de l’élégance et du raffinement à l’anglaise.
Dessinée par le designer maison H. J. Loker, la Rover P4 reprend le châssis caissonné de la P3. Elle adopte des roues indépendantes à l’avant et conserve un essieu rigide à l’arrière. Plus de 130 000 exemplaires sont fabriqués entre 1950 et 1964. Moteurs 4 ou 6 cylindres de 1997 à 2638 cm³, boîtes de vitesses à 4 rapports avec ou sans overdrive, la Rover P4 joue dans la cour de la discrétion. Grâce à Retro Collection, nous avons pris le volant d’une ultime évolution équipée du 6 cylindres de 2625 cm³ dont la boîte à 4 rapports n’a toujours pas de première synchronisée. Nous vous invitons à monter à bord d’une auto très British à la fois austère, luxueuse et fiable.
Rover P4 110 de 1963 | Présentation
État d’origine impeccable
Notre voiture d’essai se présente dans une livrée gris foncé agrémentée de chromes. Son intérieur en cuir rouge est rehaussé de boiseries. Indispensable dans une voiture anglaise. L’insigne du capot avec son viking au casque ailé surmontant un drakkar, se retrouve aussi au centre du volant. Son moteur de 2625 cm³ développe 123 chevaux à 5000 tr/mn. C’est la plus puissante des Rover P4. Elle est dans son état d’origine. Jamais restaurée. La patine de sa carrosserie, tout comme celle de ses cuirs, est parfaite. Aucun point de rouille n’apparaît.
Accès aisé aux places arrière
Avec son volant à droite, elle peut en déconcerter plus d’un. Grave erreur. Si les portières avant s’ouvrent normalement, celles de l’arrière s’ouvrent à contresens. Elles laissent ainsi un accès aisé vers les places arrière. Banquette arrière sur laquelle nous pouvons imaginer voir assis l’un des membres d’un club privé très select londonien. Allons de l’avant et entrons, ou plutôt montons, dans notre Rover P4.
Au volant de la Rover P4 110 de 1963
Style cossu et sobre
Grâce à une large ouverture de la lourde porte, l’accès est facile. Grand volant en bakélite. Cercle chromé à l’intérieur en guise d’avertisseur. Le siège avant, ou plutôt le fauteuil, est confortable et maintient correctement. Notre version possède deux sièges séparés. Le style est cossu et sobre. Il est possible de trouver des Rover P4 avec une banquette à l’avant pouvant accueillir un troisième passager grâce à la forme originale du levier de vitesse. Celui-ci comporte 4 rapports avec Overdrive – Laycock de Normanville – la première est non synchronisée. Les rapports passent facilement. À noter la lourdeur de la direction au démarrage. Cela s’améliore en roulant mais anticiper est indispensable sur route sinueuse. Le tachymètre est un Jaeger et non un Smiths, comme la plupart des Anglaises.
Tableau de bord réfléchi
Les autres éléments indispensables à une conduite sereine sont bien disposés face au conducteur. Ampèremètre, température d’eau, jauge à essence et un bouton pour contrôler la pression d’huile. Au centre du tableau de bord, partie haute, une montre analogique. En dessous les commandes de chauffage / ventilation. Et, devant le passager, un petit tiroir contenant une trousse à outils. Pour terminer notre tour du propriétaire, regardons attentivement le frein à main : il ressemble à un manche de parapluie. Nous aurons l’occasion de lister plus loin les petits détails qui font la différence par rapport à une voiture équivalente de la même époque.
Le flegme britannique
La Rover P4 est une voiture placide, même si son moteur est énergique. En effet, sur ce modèle, la culasse est différente des précédentes versions. Elle a été développée par Harry Weslake, connu pour les modifications apportées sur le moteur de la SS100 avec ses soupapes en tête. Bref, le moteur tourne bien. Il accepte de monter dans les tours sans trop rechigner – 196 Nm à 3000 tr/mn. Mais la direction reste lourde. A contrario, les freins – disques avant Girling, tambours arrière – ont du répondant. Il est vrai que la Rover P4 110 avoisine les 1600 kg. Le volant à droite ne pose aucune difficulté dans la circulation, à condition de bien régler les 3 rétroviseurs – de petite taille – et d’anticiper les manœuvres.
Rover P4 110 de 1963 | Les points forts et les points faibles
Le luxe discret
Si vous aimez les Anglaises – les voitures, s’entend – vous craquerez pour son intérieur luxueux et confortable avec des finitions haut de gamme. Quelques détails font la différence. Citons par exemple le réglage de l’accoudoir de portière avant. Les repose-coudes à l’arrière. Le confort de la banquette arrière dont l’assise est relativement haute. Les fenêtres entourées de chrome. Le charme discret de la tradition anglaise. Quant au moteur, il est fiable. D’ailleurs, les pièces se trouvent facilement au Royaume-Uni et chez quelques distributeurs en Europe. Argument de poids encore, le coût d’entretien de la Rover P4 est à la portée de nombreuses bourses.
Trop classique
Il faut bien lui trouver quelques défauts. Donc, une ligne très (trop) classique, voire austère peut constituer un frein pour son acquisition. Ou encore, la conduite à droite, une direction lourde (qui peut s’améliorer avec un dispositif d’assistance, par exemple, électrique), sa réputation de Rolls-Royce du pauvre, même si ce n’est pas vrai. Malgré tout, rare aujourd’hui, elle risque d’attirer les collectionneurs.
Acheter une Rover P4 110 de 1963 ou non ?
Une auto rare
Voilà une excellente question. Nous n’allons pas vous mentir. C’est très difficile d’en trouver une, même au Royaume-Uni. Nous n’en avons recensé que 21 à vendre actuellement. Pour information, la Rover P4 110 n’a été fabriquée qu’à 4600 exemplaires. Donc, si une Rover P4 vous tente, vous allez devoir vous armer de patience avant de trouver celle qui vous convient.
1963 Rover P4 110 – Le chrome est largement présent et la vitre elle-même possède un support chromé.
Diverses motorisations
Tous les modèles de Rover P4 ont le capot, la malle et les portes en aluminium, sauf les dernières versions de 1963. C’est le cas de notre voiture d’essai. Ensuite, il y a la motorisation. Les premières versions – 2103 cm³ – n’ont que la 3e et 4e synchros. Par la suite, en 1952, trois moteurs sont disponibles : 1997 cm³ en 4 cylindres et 2230 cm³ et 2638 cm³ en 6 cylindres. La boîte automatique – Roverdrive – est proposée dès 1957. Énergivore en puissance, elle sera abandonnée.
Vintage Car Magazine vous donne son avis
Notre Rover P4 110 de 1963 a été vendue neuve au Royaume-Uni, mais elle parcourt les routes suisses depuis maintenant 25 ans. Elle possède un dossier de suivi étayé par de nombreuses factures. L’embrayage est neuf et le moteur 6 cylindres souple permet une conduite fluide. À son bord, on se croirait dans le salon de l’un de ces clubs typiquement anglais. Malgré son physique austère, cette automobile dégage un certain charme qui ne laisse pas indifférent. Rouler en Rover P4 110, ou autre, c’est rouler en ancienne en se démarquant des autres collectionneurs. Avec un confort identique à celui d’une Jaguar ou d’une Bentley, la Rover P4 n’a que faire du statut social. Cette voiture fera de vous un vrai connaisseur audacieux qui n’aura pas cédé au chant des marques anglaises de luxe. Et même si nous apprécions beaucoup les Jaguar, cette Rover P4 110 nous laisse un excellent souvenir.
N’hésitez pas à prendre contact avec Retro Collection pour un essai de cette Rover P4 110 en suivant ce lien.
1963 Rover P4 110 – Impossible de perdre le bouchon du réservoir d’essence car il pivote sur le goulot de remplissage.
Évolution de la Rover P4 entre 1949 et 1964
- 1949 – présentation de la Rover P4 au London Motor Show – moteur de 2103 cm³ et boîte de vitesses à 4 rapports, synchronisée sur 3e et 4e.
- 1952 – évolution du dessin de la calandre et de la lunette arrière – trois modèles à choix : la 60 avec un 1997 cm³ (4 cylindres), la 75 avec un 2230 cm³ et la 90 avec un 2638 cm³ (deux 6 cylindres).
- 1954 – le levier de vitesses passe de la colonne de direction au plancher – seule la 1ère vitesse n’est pas synchronisée.
- 1955 – nouveau dessin de la malle arrière – présentation de la Rover P5.
- 1957 – apparition de l’Overdrive Laycock de Normanville – Nouvelles versions 105 R et 105 S – en option boîte automatique Roverdrive.
- 1959 – deux modèles à choix : la 80 avec un 2286 cm³ et la 100 avec un 2625 cm³.
- 1962 – jusqu’en 1964, deux modèles subsistent : la 90 et la 110, toutes deux avec le 2625 cm³ mais la puissance de la 110 est portée à 123 chevaux grâce à une nouvelle culasse développée par Harry Weslake.
- 1963 – présentation de la Rover P6.
- 1964 – fin de la production de la Rover P4.
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Très bon résumé de la carrière de la Rover P4, merci, même si ses nombreuses déclinaisons, de 60 à 110 et de 4 à 6 cylindres, ne sont pas toutes citées : elles ne présentaient pas toutes le même intérêt.
Présentation de la P5 en 1955 : en êtes-vous sûr(e) ? Ce n’est pas en 1958 qu’a été présenté le modèle le plus luxueux de Rover, boosté à mi-carrière par le V8 3,5l à culasse alu d’origine Buick ?
Bien cordialement.
Merci pour votre commentaire ainsi que la remarque concernant la présentation de la P5. Je vais contrôler.