Alfa Romeo 2000 Spider | Le spider qui n’ébouriffe pas Bridget Jones

Notre voiture d’essai dans sa robe rouge, intérieur rouge, nous attendait par une belle journée ensoleillée. Que dire de sa ligne si ce n’est qu’elle est magnifique. L’équilibre de la proue à la poupe est quasi parfait. Discrète et désirable, elle reflète l’ambiance des années 60 dans le nord de l’Italie : bourgeoise, distinguée et oisive. La Dolce Vita sur quatre roues. La plus belle partie de cette 2000 Touring est sans doute l’avant. Un chef-d’œuvre d’élégance. Les prises d’air, la calandre en V, le pare-chocs interrompu et l’ensemble phares, veilleuses, clignotants, phares antibrouillard. Nous sommes bien en présence d’une étude poussée de la carrosserie.

Capote baissée, c’est évidemment son meilleur profil. Les lignes tendues sont admirables. Et, même à plus de 60 ans, elle n’a pas pris une ride. Il y a des chromes juste là où il faut sans que cela devienne ostentatoire. Même si certains sont inutiles, comme la double prise d’air sur le capot ou les ouïes latérales. De plus, il faut admettre que les jantes de 16 pouces contribuent à l’équilibre de son charme. Pour monter à bord ou plutôt descendre, les portières s’ouvrent largement – attention dans les parkings ou votre garage – et permettent aux occupants de se glisser aisément à l’intérieur. Les sièges en cuir mériteraient d’être un peu plus enveloppants.

Face au conducteur, derrière le grand volant, un concentré de tableau de bord. Celui de notre version d’essai n’est pas peint dans la couleur de la voiture, mais recouvert d’un skaï noir. Quatre cadrans résument ce qu’il faut savoir pour surveiller votre belle. Deux grands et deux petits. Compteur de vitesse et compte-tours bien lisibles. Puis les deux petits comportent quatre indications : à gauche, thermomètres eau et huile et à droite, manomètre d’huile et essence incluant le témoin de réserve. Le reste de la planche de bord est vide. Hormis une énorme poignée destinée au passager pour se cramponner dans les virages.

La position du rétroviseur intérieur est un peu déroutante. Avec son support au-dessus des cadrans, impossible de ne pas voir le logo Touring devant le passager. Quant au rétroviseur obus, il remplit son office a minima. Un second, à droite, serait le bienvenu. L’absence de console centrale, telle que nous les connaissons aujourd’hui, procure une impression d’espace important. Précisons que notre véhicule est une stricte deux places. Le coffre de 400 dm³ a une contenance suffisante pour deux personnes. Si cela ne suffit pas, l’espace derrière les sièges permet d’y déposer quelques affaires supplémentaires. Pour ce qui nous concerne, nous nous sentons à l’aise dans cette Alfa Romeo 2000 Spider Touring.

Maintenant que nous avons fait les présentations, il est temps de prendre la route. Tout d’abord, une précision importante concernant l’Alfa Romeo 2000 Spider Touring. En effet, le moteur est normalement un 1975 cm³ développant 115 chevaux à 5700 tr/mn, avec un couple de 155 Nm à 3500 tr/mn. Pour la majorité des conducteurs, ce moteur est sympa. Cependant, il confère à la Spider des qualités de routière plutôt que de sportive. En effet, d’après les connaisseurs, les reprises semblent laborieuses. Sur notre modèle d’essai, le 2.0-Litre a été remplacé par un 2.3-Litre – 2310 cm³ – développé en Italie pour le marché brésilien.

Dans cette configuration, le moteur propose 140 chevaux à 5500 tr/mn et un couple de 214 Nm à 3200 tr/mn. C’est le même que celui de la berline 2300 / 2300 B réservé au marché brésilien. Quasiment la puissance du 2.6-Litre – 2584 cm³ – apparu en 1961 avec 145 chevaux. Tour de clef et moteur. Il ronronne bien et entraîne notre 2000 Spider Touring vers les routes sinueuses de la campagne bernoise. Il est vif. Monte en régime grâce à une boîte 5 rapports de bonne facture. La tenue de route est saine. Assez neutre tant que nous ne forçons pas notre élégant spider. Tel n’est pas le but de notre essai.

En dépit d’une direction assez lourde, même en mouvement, l’auto s’inscrit facilement dans les courbes. Malgré ce surcroit – bienvenu – de puissance, nous n’enregistrons pas de défauts majeurs. La trajectoire est aisément maintenue, sans effort particulier. Le freinage, confié à quatre tambours, est endurant. Nous ne constatons aucune perte d’efficacité lors de notre essai. Ce qui est rassurant sur une auto de cet âge. Le moteur de 2.3-Litre est une aubaine pour cette Alfa Romeo 2000 Spider Touring. Il donne le souffle qui lui manquait. Les puristes vont hausser les yeux. D’accord, elle n’est plus 100 % d’origine. Toutefois, son moteur est un moteur Alfa Romeo.

La ligne de cette Alfa Romeo 2000 Spider Touring est magnifique. Touring a su trouver un équilibre entre les parties avant, centrale et arrière. L’équipement de base est correct : chauffage, lave-glace, anti-brouillard. La radio était en option. Notre version modifiée est équipée de deux carburateurs Weber DCOE en lieu et place des carburateurs à registre Solex 44 PHH du moteur 2.0-Litre. Les sièges sont confortables, même s’ils manquent de maintien latéral. Le passager a intérêt à bien se cramponner à la poignée devant lui s’il ne veut pas glisser. Un point sensible est la rouille qu’il convient de surveiller. Certaines pièces chromées deviennent difficiles à trouver. Pour nous, la lourdeur de la direction reste son plus gros défaut.

Si vous recherchez une vraie sportive, passez votre chemin. Le moteur 2.0-Litre est trop faible pour un poids de 1200 kg. La 2600 répond à votre demande, mais le prix n’est pas le même. Sinon, orientez-vous vers une Giulia 1600 Spider, plus compacte, mais aussi plus réactive. En revanche, si vous aimez flâner au volant d’un très beau cabriolet, cette Alfa Romeo 2000 Spider Touring est pour vous. Elle ne vous décevra pas tant que vous ne chercherez pas à la pousser dans ses derniers retranchements. On en trouve un certain nombre sur le marché. Soyez prudent selon l’origine de la voiture. Un dossier complet – avec ou sans restauration – doit accompagner le véhicule.

Pour une voiture prête à prendre la route, comptez entre CHF 100 000 et CHF 120 000. Au-dessus, elle doit être en état concours.

Après cette journée passée en compagnie de l’Alfa Romeo 2000 Spider Touring, nous l’avons rendue à son propriétaire. Une grande partie de son charme, outre sa merveilleuse plastique, provient sans aucun doute du moteur 2.3-Litre. Difficile de le comparer à la version 2.0-Litre, anémique dans les reprises, mais parfait pour des balades tranquilles. Le moteur emprunté à la berline 2300 permet de se faire plaisir sur les petites routes, malgré une direction lourde. En fait, c’est le moteur qui manquait à la Spider Touring.

On peut simplement regretter la décision d’Alfa Romeo de ne pas distribuer ce moteur sur les modèles destinés à l’Europe. Pour revenir à la berline 2300, il semblerait que quelques exemplaires ont été importés aux Pays-Bas et en Allemagne.