Bagagerie vintage de Saint-Tropez | Nous vous emmenons en voyage

La bagagerie vintage nous fait rêver. En effet, Il y a un siècle ou plus, les voyages duraient de quelques jours à quelques semaines. Imaginez ces penderies, ces malles en partance pour l’Amérique sur un Transatlantique. Ou tout simplement sur le porte-bagages d’une grosse limousine des années 30. Quoi qu’il en soit, elles n’étaient pas ménagées.

Les départs et les arrivées des paquebots se faisaient au Havre où Patrick Nicolini était bagagiste. Il était émerveillé de la beauté de toutes ces malles, mais était peiné de voir comment elles étaient maltraitées. Plus tard, il a commencé à chiner et à restaurer ces belles d’antan.

Un précurseur nommé Vuitton

Chaque bagage Louis Vuitton possède sa propre étiquette avec un numéro de série – Bagagerie Vintage.

Fils de meunier, Louis Vuitton quitte ses Vosges natales à l’âge de 14 ans. Il met deux ans pour arriver à Paris tant le voyage est long. Son apprentissage du métier se poursuit pendant 17 ans, comme malletier et emballeur-layetier chez Paul Romand. Ce n’est qu’à 34 ans, après son mariage, qu’il trouve le courage de fonder la maison Louis Vuitton. Il y a peu de concurrence à cette époque, hormis Paul Romand et François Goyard.

Ce visionnaire comprend comment les modes de transport vont évoluer. Il constate également les mauvais traitements subis par les bagages en cuir, bois et toile. Louis Vuitton se rend compte que le cuir se fend. Il faut trouver une meilleure solution. C’est alors qu’il utilise la lozine. Fabriquée à partir de fibre de papier (carton bouilli compressé), elle a l’aspect du cuir et sa brillance, mais elle est beaucoup plus résistante. Les angles sont les premiers à prendre des coups. Alors, il invente des cornières pour protéger et consolider. Puis, face aux vols sur les paquebots, il demande à Fichet (coffre-fort) d’installer une serrure incrochetable. Vous n’imaginez pas le nombre de brevets déposés pour une simple malle.

Louis Vuitton est à l’écoute de ses clients. Les malles sont faites sur mesure en fonction de leurs demandes. De plus, il y a des bagages spécifiques. Prenons comme exemple la toile Vuittonite orangée. Elle est réservée aux bagages de la bourgeoisie russe. Aucun client ne peut accéder à ce type de toile.

Les petites histoires de la bagagerie vintage

Très rare étiquette en cuir avec numéro de série pour cette malle unique Louis Vuitton – Bagagerie Vintage.

Sur leur stand à InterClassics 2022, Patrick et Tanguy Nicolini de la Bagagerie vintage de Saint-Tropez nous invitent au voyage. Ici, c’est une malle en cuir. Elle a été la propriété d’un ambassadeur. Une commande spéciale avec un intérieur rose satiné. C’était un cadeau pour son épouse. Exceptionnel détail intérieur : l’étiquette est en cuir. Ce qui est rarissime. Autre anecdote : la malle de Miss France 1936, Lyne Lassalle, qui comportait deux drapeaux sur le côté. Une autre malle permettait de ranger les soutien-gorge d’une cantatrice. Et si vous allez au musée Vuitton, vous découvrirez la malle d’un Maharadja destinée à transporter fruits et légumes.

Et puis, il y a aussi cette valise de toilette en crocodile, argent massif et cristal. Sans oublier, les malles spécifiques pour les chapeaux, accessoire indispensable à cette époque. Pour le centenaire de la Révolution, Vuitton a créé un ruban bleu-blanc-rouge. Et puis, il y a cet attaché-case âgé de 100 ans dont les fermetures fonctionnent comme au premier jour. Avec l’évolution de la locomotion, Vuitton a cré une malle aéro pour les avions. Les passagers n’avaient droit qu’à un seul bagage. Le bois utilisé est le peuplier, car il est le plus léger. Vuitton a innové en étant le premier à trouver l’équilibre entre robustesse et légèreté.

Restauration, réparation et entretien de la bagagerie vintage

Pour les longs voyages sur les bateaux, cette malle protège vos effets personnels – Bagagerie Vintage.

L’intérieur est entièrement déshabillé

La plupart des malles qui entrent dans les ateliers de la Bagagerie de Saint-Tropez sont dans un état déplorable. En effet, à l’origine malmenées par les voyages, elles finissent leur vie dans des caves ou dans des greniers. L’humidité s’y installe et le mal commence à les ronger. Dans ce cas, il faut déshabiller entièrement l’intérieur de la malle. Puis, c’est l’étape du ponçage, à la main et délicatement. Ensuite, il faut laisser la malle s’aérer. Dès que l’odeur de moisi a disparu, c’est le rhabillage avec du papier kraft, comme à l’époque, pour l’étanchéité. Enfin, grâce à de la toile d’époque, la finition en toile de lin peut être exécutée. Ceci dans les cas où les malles sont en très mauvais état.

L’authenticité du bagage est préservée

Dans la majorité des cas, il s’agit de conserver l’authenticité du bagage. Il faut y toucher le moins possible. L’objectif est de conserver l’histoire de la malle. La restauration des diverses parties doit prendre en considération la matière. Ainsi, pour le bois ou le laiton, c’est avec une paille de fer ultra fine que procèdent les restaurateurs. Il ne faut pas rayer le laiton. Quant au bois, les lattes sont en hêtre et les fûts sont en peuplier. Il ne faut pas oublier les angles qui sont les plus exposés aux chocs.

Tout se fait à la main

Comme pour chaque métier de restauration d’objets anciens, les machines sont à proscrire. Prenons, par exemple, le laiton. Si vous utilisez une polisseuse, cela ira plus vite. À la longue, le laiton devient mat et c’est mort. Nos grands-mères utilisaient le Mirror, bleu pour l’argenterie et rouge pour cuivre et laiton. Odeur forte, mais produit miracle. Prendre son temps va permettre non seulement de redonner l’éclat d’antan, mais également de ressentir la réaction de chaque élément traité manuellement. L’amour du travail bien fait avec patience et persévérance.

La bagagerie vintage, source d’émotions

Vue d’ensemble des produits proposés par Tanguy et Patrick Nicolini à InterClassics Bruxelles 2022 – 2022 Brussels.

Chiner est, pour certains, une perte de temps alors que pour d’autres, ce sont des moments merveilleux. Vous partez, comme Patrick et Tanguy Nicolini, à la recherche de nouvelles malles pour un client ou pour eux-mêmes. Et là, c’est le choc. Vous tombez sur un sac de voyage 48 heures dans son papier kraft d’origine. Un invendu d’époque. Imaginez l’émotion de déballer un objet de 100 ou 120 ans, que personne n’a jamais ouvert. Une autre fois, c’est l’achat d’une malle fermée à clef. De retour à l’atelier, avec précaution et délicatesse, nos restaurateurs l’ouvrent. Dedans, des robes, des photos de la propriétaire arborant ces mêmes tenues ou en compagnie de son auto, une Avion-Voisin. Outre l’émotion de cette découverte, il y a celle de rendre tous ces effets à la famille.

Les étiquettes sur les bagages, un véritable code

À la fin d’un séjour, il n’était pas rare que le groom de l’hôtel demande la permission de coller l’étiquette de l’établissement sur les bagages. Le voyageur pouvait accepter ou refuser. Certains bagages portent ainsi de nombreuses étiquettes et d’autres presque pas. Mais le saviez-vous, la manière dont les étiquettes sont collées a une signification particulière. La position et l’orientation de l’étiquette en disent long sur le client et la considération qu’il faut lui apporter : client difficile, mais généreux, ou alors client radin. C’était une manière astucieuse de renseigner les grooms des autres hôtels.

La bagagerie vintage devient un objet de collection et de mobilier

Peu de personnes voyagent aujourd’hui avec ce type de bagages. De rares exemplaires connaissent encore les porte-bagages extérieurs, les sièges arrière, ou encore les coffres. Mais, soyons réalistes, la plupart des malles ont quitté le monde du voyage. Elles sont devenues sédentaires et se retrouvent dans les salons, les bureaux ou dans les halls d’entrée. Les Anglais sont friands de ces grosses malles. Ils les transforment en Coffee Table. Une grosse plaque de verre les protège d’éventuelles tâches ou rayures. D’autres sont placées en bout de canapé avec une lampe, ou pour poser un verre. Elles peuvent servir également de rangement pour les quelques couvertures d’hiver. Multitâches et solides, on peut s’asseoir dessus ou s’en servir de support pour refaire ses lacets. Quant aux malles-debout, elles se transforment en bar après être passées entre les mains d’un menuisier qualifié.

Une Hispano Suiza recherche sa malle arrière d’origine

Encore une belle histoire pour terminer notre voyage au pays de la bagagerie vintage. Il était une fois un propriétaire d’Hispano Suiza qui cherchait une malle conforme au support de sa voiture. Sa quête durait déjà depuis des années. Pendant ce temps-là, dans le Royaume d’Azur, Patrick Nicolini procédait à la restauration d’une malle. Un ami curieux lui demande de quel type de malle il s’agit. C’est pour une Hispano Suiza, lui répond-il. Et là, ce n’est plus un conte de fée. L’ami en question connaît le propriétaire de l’Hispano Suiza. Les contacts sont pris. Les mesures effectuées. Tout concorde. La restauration de la malle est achevée et les deux compagnons se rendent chez ce monsieur. La malle rentre au micron près dans l’emplacement prévu. Fin de la quête. La fable se poursuit puisque l’Hispano Suiza et sa malle ont remporté le second prix du Concours d’Élégance de Pebble Beach.

Vintage Car Magazine vous donne son avis

Tanguy Nicolini, à gauche, et son père Patrick Nicolini, font revivre les malles abandonnées – Bagagerie Vintage.

Il est temps de refermer ce livre d’histoires et de remercier Patrick et Tanguy Nicolini. Nous aurions pu rester des heures tant le sujet est infini. Chaque malle a sa propre histoire. C’est souvent ce que recherche le client. Il veut du vécu, de l’original, une histoire qui fait rêver. Que penser de cet autre client qui a vendu ses voitures de collection afin de créer son propre musée du bagage. Avec tout cela, a-t-on une idée du prix d’une malle ? Plusieurs critères sont évidemment à prendre en compte. L’état général, cuir, bois, laiton, lozine et même ferraille qui a pallié la pénurie de laiton. Une malle d’entrée de gamme peut s’estimer autour de 10 000 euros. Une double penderie peut atteindre les 32 000 euros. Tous ces objets ont plus ou moins un siècle. Comparativement, la même penderie neuve s’affiche entre 65 000 et 70 000 euros.

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