Pourquoi le Salon Rétromobile 2019 à Paris attire-t-il autant de visiteurs ? Il s’agit en fait de l’un des trois grands salons de l’automobile de collection en France. Les deux autres sont Avignon Motor Festival et Époqu’Auto à Lyon.

Peut-être également le fait que Berliet présente, cinquante-deux ans plus tard, son géant du désert : le T100. Ce camion gigantesque acheminait le matériel de forage pétrolier dans le désert algérien. Ou encore la découverte de Bédélia. Ce constructeur a écrit l’histoire du cyclecar et présente une exposition extraordinaire. C’est aussi l’anniversaire des 60 ans de la Mini – la Vraie – celle conçue par Sir Alec Issigonis. Entre-temps, Citroën fête son centenaire. Un siècle, ça se célèbre ! Sans compter diverses autres animations. Le Salon Rétromobile 2019 offre également une visibilité à trois grandes ventes aux enchères. Une raison suffisante pour se déplacer à Paris en février.

Salon Rétromobile 2019 | Une 44e édition qui tient ses promesses

Stand Berliet, le T 100 vue de face à comparer à la taille des personnes à ses côtés

Stand Berliet, le T 100 vue de face à comparer à la taille des personnes à ses côtés.

Une fréquentation record

C’est officiel. Le record du nombre de visiteurs détenu en 2015 (121 884) est battu. Il s’agissait, bien sûr, de l’année de la vente de la collection Baillon. Quant à l’édition 2019 du Salon Rétromobile, elle en comptabilise 132 000. C’est un fait. Les véhicules anciens attirent de plus en plus de personnes : passionnés, collectionneurs ou amateurs.

Voiture de collection, ou pas ?

Une voiture attend d’avoir trente ans pour être considérée comme véhicule de collection. Après, effectivement, il existe des catégories selon les années et selon les pays. Avant 1920, entre 1920 et 1950, etc. Pour notre part, et sans entrer dans les diverses polémiques à ce sujet, nous nous bornerons à 30 ans, soit à partir de 1989. Mais, pouvons-nous vraiment comparer une Panhard & Levassor de 1900, une Delage D8 cabriolet Mylord de 1937, une Facel Véga de 1960 et une Lamborghini Jalpa de 1987 ? Pas vraiment. Et pourtant, ce sont toutes des voitures de collection. Alors, collectionneurs, passionnés et amateurs, y a-t-il une bonne et une mauvaise réponse ?

Les Youngtimers au Salon Rétromobile 2019

1987 Lamborghini Jalpa P350

1987 Lamborghini Jalpa P350.

Peut-on considérer le Youngtimer comme un véhicule de collection ?

D’après la simple définition du véhicule de collection : OUI. Mais revenons au collectionneur ou passionné type. C’est souvent une personne d’âge mûr. Pour elle, naturellement, 30 ans est un laps de temps très court. D’où une certaine résistance à s’intéresser à un engin, auto, moto ou autre, de 30 ans à peine ! Mais, soyons réalistes et le constat est clair. La population des collectionneurs et passionnés vieillit. C’est un fait. Le temps passe en effet autant pour les voitures que pour les humains. Heureusement, une nouvelle génération de collectionneurs, plus jeunes, se fait entendre. Leurs automobiles datent des années 70 et 80. Ce sont les Youngtimers. Au départ critiquées, ces autos font maintenant bel et bien partie du monde de la collection.

Les temps et les mentalités évoluent

1980 Aston Martin V8 Volante

1980 Aston Martin V8 Volante.

Désapprouvées au départ, les Youngtimers permettent à une population plus jeune, et peut-être moins nantie, d’accéder au monde de la collection. En effet, les modèles des années 70 et 80 sont généralement plus abordables que ceux des années précédentes. La relève est ainsi assurée. Ces nouveaux véhicules seront autant aimés et bichonnés que leurs ancêtres. Sans parler des échanges intergénérationnels que cela occasionne. Il s’agit-là non seulement d’une transmission de savoir, mais également d’une sauvegarde de technique et de savoir-faire. Enfin, il est vrai que l’entretien d’une Youngtimer est plus simple et moins coûteux que celui d’un véhicule d’avant-guerre, par exemple. Ne serait-ce qu’au niveau des pièces de rechange, introuvables parfois. Et pour conclure, une réflexion toute bête. Les voitures de collection d’aujourd’hui ne sont-elles pas les Youngtimers d’hier ?

Salon Rétromobile 2019 | Des ventes aux enchères attendues

1968 Lamborghini 400 GT Espada Série I, vue trois quarts avant gauche

1968 Lamborghini 400 GT Espada Série I, vue trois quarts avant gauche.

Pendant cinq jours, les passionnés d’automobiles de collection se pressent à la grande manifestation parisienne. Trois maisons de vente aux enchères en profitent pour présenter des lots somptueux. Alors, collectionneurs du monde entier, fortunés ou non, ne ratez pas le spectacle.

Bonhams au Grand Palais | Vente aux enchères du mercredi 6 février 2019

1931 Bentley 8 Litre Sport Tourer et 1938 Alvis 43 Litre Tourer Sport Chassis Court, vue trois quarts avant droit

1931 Bentley 8 Litre Sport Tourer et 1938 Alvis 43 Litre Tourer Sport Chassis Court, vue trois quarts avant droit.

La première salve est tirée par Bonhams. La maison de vente aux enchères propose au total plus de 340 objets, tous types confondus. Par exemple, nonante ans d’écart entre une Clément Bayard AC 41 Tourer de 1908 et une Mercedes-Benz CL 500 de 1998. La première n’a pas trouvé preneur, quant à la deuxième, elle a été adjugée à près de CHF 34 000. Les ventes aux enchères recèlent toujours une part de mystère. En effet, pourquoi les prix s’envolent-ils pour certains modèles et stagnent pour d’autres ? Voici quelques résultats de cette vente orchestrée par Bonhams.

Changement de propriétaire

  • FN Type 2400 Open Drive Limousine de 1912 : plus de CHF 100 000 ;
  • Bentley 8-Litre Sports Tourer de 1931 : plus de CHF 800 000 ;
  • Mercedes-Benz 540 K cabriolet A à plus du double ;
  • Mercedes-Benz 220 W187 de 1952, véhicule rare à restaurer : près de CHF 32 000. Sans doute aura-t-il un fort potentiel après sa restauration ;
  • Citroën SM : près de CHF 50 000 ;
  • Citroën 2 CV Sahara 4×4 : près de CHF 100 000. Est-ce bien raisonnable ? Seul son nouveau propriétaire peut le dire ;
  • 2 CV Charleston de 1987, quasi neuve : plus de CHF 30 000 ;
  • DS 23IE Pallas de 1974 : moins de CHF 30 000.

Pour leurs 60 ans, les Mini ne sont pas restées sur le carreau. Mini, Morris ou encore Authi sont toutes parties entre CHF 16 000 et CHF 23 000, selon les versions.

N’ont pas trouvé acquéreur

  • BMW 507 Série I : ne trouve personne pour enchérir et donc repart chez son propriétaire actuel. Estimée entre CHF 2 et 2.5 millions, ce modèle exceptionnel et rare – 252 exemplaires – était-il surévalué ?
  • Delahaye 135MS Alpin coupé de 1949 est restée à son propriétaire actuel.

RM Sotheby’s, place Vauban | Vente aux enchères du jeudi 7 février 2019

1994 Bugatti EB110 Super Sport, vue trois quarts avant côté gauche

1994 Bugatti EB110 Super Sport, vue trois quarts avant côté gauche.

Place Vauban, le marteau a retenti chez RM Sotheby’s. Peut-être moins de véhicules que chez Bonhams et pourtant quelques belles montures. La preuve, une Porsche 550 RS Spyder de 1956 est partie à plus de 3 millions d’euros. Quelques résultats de cette vente aux enchères ci-dessous.

Parmi les Oldtimers

Cette magnifique Hispano-Suiza K6 cabriolet de 1935 carrossée par Brandone est restée chez son propriétaire. Au contraire, la Bugatti EB110 Super Sports est adjugée plus de 2 millions d’euros. Encore une BMW 507. Après celle de Bonhams, celle de RM Sotheby’s n’a pas trouvé preneur. N’est-elle plus en vogue dans le cœur des collectionneurs ou le prix demandé est-il trop élevé ? Ce sont les aléas des ventes aux enchères. Une Aston Martin DB 2/4 MK III adjugée à un peu plus de 200 000 euros. Une Mercedes-Benz 300 SL cabriolet de 1957 a été adjugée en dessous du million d’euros. Sa cote se stabiliserait-elle ? Ou bien y a-t-il, en ce moment, trop de 300 SL sur le marché ? Pas mieux pour le modèle unique SP30 de Ferrari. Trop exclusive ou pas assez, trop chère ou pas encore collectionnable ?

Parmi les Youngtimers

The Youngtimer Collection ne présentait pas moins de 25 véhicules. Une seule voiture est restée, toutes les autres sont parties dans de nouveaux garages. Le record de cette série : une Mercedes-Benz 560 SEC AMG 6.0 Wide Body de 1989, adjugée à 297 500 euros. Puis, à noter une belle performance pour deux Alfa Romeo. Une Giulia Sprint GTA Stradale de 1966 adjugée à presque 350 000 euros et une GTA 1300 Junior Stradale à plus de 260 000 euros.

Artcurial au Salon Rétromobile 2019 | Vente aux enchères du 8 février 2019

1966 Serenissima Spyder, vue latérale côté droit

1966 Serenissima Spyder, vue latérale côté droit.

La dernière vente parisienne s’est déroulée dans l’enceinte même du Salon Rétromobile 2019. Organisée par la maison Artcurial, cette vente a connu un franc succès.

Des ventes à plus d’un million d’euros

Une Alfa Romeo 8c 2900 B atteint un montant record de plus de 16 millions d’euros. Ce modèle est rare, mais justifie-t-il une telle somme d’argent ? D’autres véhicules ont également crevé le plafond. Scepticisme tout de même sur l’adjudication de la Serenissima Spyder de 1966 à plus de quatre millions d’euros. A frôlé le million d’euros, cette Alfa Romeo 6C 1750 Gran Sport Roadster Corsica avec un score de 977 440 euros.

Des ventes plus modestes, mais quand même

Une Hispano-Suiza H6B Coupé de Ville Billeter et Cartier a trouvé preneur à plus de 200 000 euros. Une Traction 7 C cabriolet de 1934, quant à elle, a dépassé les 125 000 euros.
Comme à leur habitude, les Bugatti ont fait carton plein. Une Type 40 à plus de 190 000 euros, une Type 57 cabriolet Graber a passé la barre des 500 000 euros et une Type 49 à près de 200 000 euros. Quant à la 57 Atlantic by Erik Koux, elle a atteint plus de 800 000 euros.

La Jaguar MK II 3.8 L Tour de France a réalisé un très beau score à près de 300 000 euros. Plus modeste et néanmoins très attachante, la Panhard Dyna X87 Junior de 1954 est adjugée à plus de 20 000 euros. Quant à sa grande sœur, la Dyna cabriolet Grand Standing de 1957, elle a passé la barre des 40 000 euros. Sur les deux Aston Martin DB 2/4 MK III, une seule a été adjugée à près de 240 000 euros.

Après le Salon Rétromobile 2019, laissons la place à Avignon Motor Festival

Stand Facel Véga, présentation d'une Facel II

Stand Facel Vega, présentation d’une Facel II.

En attendant le Salon Rétromobile 2020, place à Avignon Motor Festival. Le salon incontournable de toutes les locomotions vous attend du 22 au 24 mars 2019. Alors, n’hésitez pas à venir le visiter. Chaque année au programme figure un invité d’honneur. Sans trop dévoiler de l’expo, sachez que Facel Vega sera la vedette. Pour ceux qui ne connaissent pas, Facel Vega est une marque automobile française de luxe créée par Jean Daninos. Des voitures d’une très grande beauté, à la carrosserie de rêve. Elles firent et font encore le bonheur de leurs propriétaires. Une marque de légende, malheureusement disparue dans les arcanes de la politique et de l’économie. Ne ratez donc pas cette occasion de pouvoir découvrir cette collection dans son ensemble. Réservez la date et rejoignez-nous dans la belle région d’Avignon. Reportage et galerie photo seront publiés sur ce site.

Les illustrations de cet article sont Copyright © de leurs ayants droit. Tous droits réservés ©2019 Photos JPP Vintage Car magazine.