La Mercedes-Benz 300 SEL 6.3 a une décennie d’avance sur la concurrence. Le premier enfant terrible de la marque trace, sans le savoir, la route à de futures berlines ultra-performantes. 

6526 exemplaires – dont 1839 pour les USA – de la 300 SEL 6.3 voient le jour. Les 1740 kg de la voiture sont propulsés à plus de 220 km/h. Autant qu’à cette époque peu, voire pas de berlines proposaient des performances comparables. Et de surcroît, aucune n’était équipée de l’injection. Aujourd’hui, en 2020, est-ce une bonne idée de rouler en Mercedes-Benz 300 SEL 6.3 ?

Mercedes-Benz 300 SEL 6.3, déjà une Muscle Car

Comment rentabiliser un moteur déjà existant ?

Mercedes-Benz 300 SEL 6.3 W109 - Le moteur W100 hérité de la 600.

Mercedes-Benz 300 SEL 6.3 W109 – Le moteur W100 hérité de la 600.

En 1967, Erich Waxenberger travaille sur l’adaptation du moteur de la 600 (W100) dans le coupé 250 SE. Il présente ce projet à Rudolf Uhlenhaut, père de la 300 SL. Celui-ci est séduit par cette idée. Seulement, ce n’est pas le coupé qui reçoit en finalité ce moteur, mais la berline 300 SEL. Le moteur de la 600, qui date de 1963, peut ainsi être rentabilisé à terme. La berline la plus puissance de la fin des années 60 est née. Le moteur de 6332 cc développe 250 chevaux et offre un couple de 500 Nm.

Mercedes-Benz 300 SEL 6.3 | Presque seule au monde

Mercedes-Benz 300 SEL 6.3 W109 - cuir, moquette épaisse et bois luxe discret.

Mercedes-Benz 300 SEL 6.3 W109 – cuir, moquette épaisse et bois luxe discret.

Lors de sa sortie, en mars 1968, au Salon de Genève, nous sommes à quelques mois des grèves et des manifestations françaises. D’ailleurs, cet épisode n’a en rien perturbé la commercialisation de la berline la plus performante de cette période. De plus, à la même époque, peu de constructeurs présentent des modèles similaires. Même Rolls-Royce et sa Shadow, sortie en 1965, et ses moteurs 6.2 et 6.75 litres, font pâle figure. 200 chevaux (environ), une alimentation à carburateurs et 400 kg de plus sur la balance sont largement distancés. Quant aux autres : rien. BMW et Audi jouent encore à la maternelle ; Jaguar ne propose qu’un 6 cylindres (le V12 ne vient qu’en 1972, date de la mise à la retraite de la 6.3). Éventuellement, une Maserati Quattroporte ou une ISO Fidia. Les conducteurs pressés n’ont donc pas d’autre choix que de commander une Mercedes-Benz 300 SEL 6.3.

Reconnaître une Mercedes-Benz 300 SEL 6.3, pas facile

Mercedes-Benz 300 SEL 6.3 W109 - sigles extérieurs de puissance.

Mercedes-Benz 300 SEL 6.3 W109 – sigles extérieurs de puissance.

 Aucun signe distinctif

À moins d’être connaisseur de la marque à l’étoile, distinguer une 6.3 des autres versions SEL n’est pas chose facile. Certains disent que les doubles phares verticaux et les longues-portées additionnels en sont un élément caractéristique. Pas tout à fait. Une 280 SE 3.5 possède la même face avant. Inutile de s’embrouiller sur un détail. Quant au fameux sigle 6.3 à l’arrière droit, il peut ne pas y apparaître. Option style discrétion chez Mercedes-Benz.

Un indice cependant

S’agirait-il de la suspension oléopneumatique – déjà disponible sur la 300 SEL – semblable à ce qui se fait chez Citroën ? Ainsi, au repos, la 300 SEL 6.3 peut se trouver en position basse. D’ailleurs, pour faire varier la hauteur de caisse, un levier à trois positions se situe sous le tableau de bord.

En conclusion, reconnaître au premier coup d’œil une 6.3 est l’apanage d’une minorité d’entre nous. C’est d’ailleurs ce que les ingénieurs de Mercedes ont sans doute voulu pour cette berline, sage et distinguée. Ils l’ont toutefois transformée en Muscle Car. Ce terme cher aux Américains signifie installer un Big Block dans une petite caisse, toute proportion gardée, car la caisse mesure tout de même 5 mètres.

À quoi ressemble la vie à bord d’une 300 SEL 6.3 en 2020 ?

Mercedes-Benz 300 SEL 6.3 W109 - l'espace avant est impressionnant sans doute à cause de l'absence de console centrale.

Mercedes-Benz 300 SEL 6.3 W109 – l’espace avant est impressionnant sans doute à cause de l’absence de console centrale.

Une ligne signée Paul Bracq

Grâce au concours de la galerie Toffen qui en propose une à la vente, nous avons pu prendre le volant de la fameuse Mercedes-Benz 300 SEL 6.3. Après avoir longtemps admiré la ligne extérieure que l’on doit à Paul Bracq, nous prenons place à l’intérieur. Toute tendue de cuir fauve, notre 6.3 d’essai n’attend qu’un signe pour faire rugir son V8. Tout d’abord, ce qui surprend est la taille des rétroviseurs extérieurs : ridiculement petits, non réglables depuis l’intérieur. Ensuite, nous redécouvrons le charme du grand volant en bakélite à la jante (très) mince par rapport à nos standards actuels. Les deux gros compteurs ronds donnent les principales informations : eau, essence et huile à gauche et tachymètre à droite. Entre les deux, un petit compte-tours avec une zone rouge à 5200 tr/mn.

Un confort parfait

Sans plus attendre, nous mettons le contact. Le gros V8 laisse entendre une sonorité rauque. Puis plus rien. Le calme presque absolu. Le levier de la boîte automatique à 4 rapports passe en douceur. La berline s’élance calmement et discrètement. Mais, dès que le pied droit se fait un peu lourd, les 250 chevaux sont toujours aussi présents 50 ans plus tard (notre 6.3 date de 1970). Le confort est parfait, la suspension lisse la chaussée, impressionnant malgré son demi-siècle. En fait, elle ne fait pas son âge !

Mercedes-Benz 6.3 SEL et la concurrence, entre 1968 et 1972

Mercedes-Benz 300 SEL 63 et la concurrence entre 1968 et 1972.

Mercedes-Benz 300 SEL 63 et la concurrence entre 1968 et 1972.

Il n’est pas facile de trouver de véritables concurrentes à la 6.3 pendant ses années de commercialisation. En premier lieu, elle est la seule à disposer d’une injection directe. Ensuite, elle est équipée d’une suspension réglable oléopneumatique. Et pour terminer, elle dispose d’une ligne presque passe-partout. Aussi, nous avons réuni dans un tableau quelques concurrentes potentielles à la 300 SEL 6.3.

Vintage Car Magazine vous donne son avis

Mercedes-Benz 300 SEL 6.3 W109 en compagnie de sa descendance W116 et W126 - vue depuis l'avant.

Mercedes-Benz 300 SEL 6.3 W109 en compagnie de sa descendance W116 et W126.

Nous avons pu aujourd’hui réaliser un rêve que nous croyions inaccessible. Réunir dans la même journée trois berlines Mercedes exceptionnelles : la 300 SEL 6.3, la 450 SEL 6.9 et la 560 SEL. Trois autos qui n’ont, à leur époque, connu aucune rivale digne de ce nom, surtout pour les deux premières. Alors, pour ceux qui, comme nous, adorent les berlines longues, cette Mercedes-Benz 300 SEL 6.3 se doit de faire partie de votre garage. Attention cependant au budget d’entretien. Nous voulons insister sur le fait que cet entretien ne doit pas être laissé au hasard. Rappelons également que les pièces, chez Mercedes, ne sont pas vraiment bon marché. Mais quand on aime…

Vous rencontrerez les mêmes difficultés pour trouver une 6.3 que pour une 6.9 – voir notre article. Si vous n’avez pas peur de casser votre tirelire, cherchez un modèle possédant un historique complet. Faites attention, comme pour la 6.9, aux modèles vendus aux enchères et aux versions américaines.

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