Confusion totale lors de la vente aux enchères d’une Porsche Type 64 à Monterey. Tout d’abord, RM Sotheby’s, rachetée récemment par l’homme d’affaires français Patrick Drahi, annonce un exceptionnel véhicule pour sa vente de Monterey. Puis, que se passe-t-il pendant la vente ? 

Cafouillage général entre les annonces du commissaire-priseur et l’affichage digital. Comment un fiasco pareil a-t-il pu avoir lieu ? Et pourquoi le Porsche Museum ne s’est-il pas manifesté ? Quelques éléments de réponse dans les lignes qui suivent.

Type 64 plus Volkswagen que Porsche

1939 Porsche Type 64 portière avant droite ouverte

1939 Porsche Type 64, portière avant droite ouverte.

Revenons quelques instants sur l’histoire de cette Porsche Type 64. Nous sommes en 1938. Ferdinand Porsche doit construire une voiture pour la course Berlin – Rome de 1939. Alors, comme point de départ de la Type 64, Ferdinand Porsche utilise le châssis KdF ou Type 60. Ce châssis n’est autre que celui de la Coccinelle. Le moteur aussi est celui de la Coccinelle. Cependant, celui-ci est gonflé à 985 cc, soit le double de l’original, et développe 50 chevaux.

Le bureau de design Porsche en dessine la carrosserie. Ensuite, la société Reutter la réalise, à la main, en aluminium. Trois modèles sortent des ateliers de Reutter (38/40 – 38/41 – 38/42). Le premier est détruit au début de la seconde guerre mondiale. Le second – 38/42 – est décapité par les Américains pour se balader en 1945 jusqu’à sa mise au rebut. Enfin, le troisième – 38/41 – est la propriété de Ferry Porsche. Et, c’est Battista Farina qui le restaure en 1947.

Otto Mathé devient propriétaire en 1949

1984 Herr Mathé proudly stands next to the “Ahnherr”(ancestor) at his home in Innsbruck

1984 Herr Mathé proudly stands next to the “Ahnherr” (ancestor) at his home in Innsbruck 1984.

Ainsi, en 1949, Ferry Porsche vend sa Type 64 à Otto Mathé, pilote autrichien. Ce dernier est un pilote moto qui perd la mobilité de son bras droit lors d’une course de moto en 1934. Il décide alors de passer aux quatre roues. Il s’inscrit donc avec la Type 64 à l’Austrian Alpine Road Race de 1950, qu’il remporte. Outre la Type 64, Otto Mathé court sur une Porsche 356 ainsi que sur une monoplace de sa fabrication. En 1982, il conduit pour la dernière fois la Type 64 lors de la Monterey Historic automobile Races. Puis, il décède en 1995. Deux ans plus tard, la Type 64 passe au Dr Thomas Gruber de Vienne. À noter que la seconde Type 64 décapitée par les américains – châssis 38/42 – est reconstruite et trône au Peterson Automotive Museum de Los Angeles.

Cafouillage total lors de la vente de la Type 64 à Monterey

1939 Porsche Type 64 vue du moteur de 985cc

1939 Porsche Type 64, vue du moteur de 985cc.

Comment un tel cafouillage peut-il avoir lieu lors d’une vente aux enchères de RM Sotheby’s ? Tout d’abord, la société de vente aux enchères n’a donné aucune estimation. Le seul fait connu était le prix de réserve à 20 millions de dollars. Puis la vente est lancée. Le commissaire-priseur Maarten ten Holder, Executive Vice President & Head Office Europe, lance une enchère à 13 millions. Et le tableau affiche 30 millions. Puis l’enchère de 14 millions est affichée 40 millions et ainsi de suite jusqu’à 70 millions.

À ce moment, le commissaire-priseur réalise l’énorme erreur qui vient d’être commise. Il se rattrape donc en mentionnant 17 millions (seventeen) et non 70 millions (seventy). Mouvement dans la salle, huées, rires, confusion totale. L’enchère est fermée dans les minutes qui suivent au grand dam des enchérisseurs. Selon les témoignages des personnes présentes, l’accent néerlandais de M. Holder est à l’origine de la confusion de l’opérateur de l’écran et du public.

Vintage Car Magazine vous donne son avis

Maarten Ten Holder

Maarten ten Holder, Executive Vice President & Head Office Europe.

Selon les (bonnes) habitudes des grandes sociétés, une pirouette permet de sortir de situations compliquées. Ainsi, RM Sotheby’s déclare : « cela n’est en aucun cas intentionnel de la part de quiconque au sein de la société, mais plutôt un malheureux quiproquo amplifié par l’agitation de la salle ». Et voilà comment on se sort d’un mauvais pas. Personne n’est responsable. Aussi, je suis médusé de voir qu’une des plus grandes maisons de vente aux enchères se retrouve dans une telle situation. C’est une blague. Que font-ils de leur crédibilité ? En outre, et cela est à vérifier, certains experts doutent que la Type 64 soit vraiment une Porsche, alors que les éléments utilisés sont principalement d’origine Volkswagen. Le débat est ouvert. VCM part à la chasse aux informations.

Les illustrations de cet article sont Copyright © de leurs ayants droit. Tous droits réservés ©Photos from the Otto Mathé collection courtesy of the owner et ©2019 Courtesy of RM Sotheby’s.